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Les troubles cognitifs

La SEP peut s’accompagner de troubles cognitifs, c’est-à-dire de difficultés à effectuer une ou plusieurs tâches intellectuelles.

Généralement modérés, ces troubles peuvent néanmoins être gênants dans la vie quotidienne et professionnelle. Il est toutefois possible de les améliorer grâce à une « rééducation » adaptée. Le point avec le Pr Bruno Brochet, Chef de service de neurologie au CHU de Bordeaux.

Il est assez fréquent que les personnes atteintes de sclérose en plaques se plaignent de leur mémoire ou qu’elles disent rencontrer des difficultés à accomplir telles ou telles activités.

Il est normal de s’en inquiéter et il ne faut pas hésiter à en parler à son neurologue ou son médecin traitant.

Il peut s’agir en effet de conséquences de symptômes de la maladie, tels que la fatigue, l’anxiété ou une tendance dépressive. Mais ces plaintes peuvent être aussi l’expression de véritables troubles cognitifs, c’est-à-dire de troubles du fonctionnement intellectuel. Voilà qui peut paraître inquiétant de prime abord.

Rassurez-vous, les troubles qui peuvent survenir au cours de la SEP n’ont rien à voir, par exemple, avec la maladie d’Alzheimer. Pas plus qu’ils ne font devenir dément (sauf situations très exceptionnelles). Dans la très grande majorité des cas, les troubles cognitifs sont relativement modérés, voire légers. Certains malades ne s’en rendent même pas compte par eux-mêmes.

De quoi s’agit-il ?

Au cours de la maladie, des lésions surviennent dans le cerveau. En fonction des zones qu’elles touchent, ces lésions peuvent être responsables de troubles moteurs et entraîner, par exemple, des difficultés à marcher.

De la même manière, elles peuvent provoquer des altérations dans la façon dont le cerveau fonctionne. Cela ne signifie pas que les capacités intellectuelles diminuent. C’est plutôt une altération de certains mécanismes de fonctionnement des réseaux cognitifs du cerveau.

Ces troubles concernent essentiellement deux fonctions cérébrales. Tout d’abord, ce que l’on appelle la vitesse de traitement de l’information. Cela signifie que le cerveau réagit un peu moins vite que la normale pour traiter les informations. Il faut ainsi un peu plus de temps à la personne pour effectuer une tâche.

Elle ne s’en rend pas forcément compte. Mais si la personne est prise par le temps ou qu’elle doit faire face à plusieurs sollicitations en même temps, elle peut rencontrer des difficultés dans l’accomplissement de cette tâche.

Si par exemple, elle est en train de travailler sur son ordinateur, qu’elle reçoit un appel urgent et qu’un collègue lui transmet dans le même temps un dossier, il pourra lui être un peu plus difficile qu’à l’accoutumée de prendre le dossier en mémorisant de quoi il s’agit, tout en répondant à son interlocuteur au téléphone, sans oublier ce qu’elle était en train de faire sur son ordinateur.

Ensuite, il peut également survenir des troubles de la mémoire. Ceux-ci, on vient de le voir, peuvent être liés au ralentissement du traitement de l’information.

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Mais ils peuvent aussi concerner certains mécanismes directs de la mémoire. En général, c’est surtout ce que l’on appelle la mémoire dite épisodique qui est touchée. Ce type de mémoire concerne le souvenir des événements personnels et de leur contexte (lieu, date, émotions).

Cela veut dire que le souvenir de ces événements peut être moins bien mémorisé et plus difficile ensuite à se remémorer.

Les conséquences des troubles cognitifs

Même s’ils sont modérés, les troubles cognitifs associés à la SEP ne sont pas forcément anodins. Ils peuvent être gênants dans la vie quotidienne, si par exemple il devient difficile de faire face à des situations nécessitant de réagir rapidement.

C’est surtout dans le contexte professionnel qu’ils peuvent poser le plus de problème. Si davantage de temps devient nécessaire à une personne pour accomplir son travail, il n’est pas rare que cela lui soit reproché par ses collègues ou son supérieur hiérarchique. Parfois même, elle peut être accusée d’être moins motivée ou d’être devenue moins performante.

C’est pourquoi il est important que ces troubles soient dépistés. D’une part, pour que la personne ne se sente pas coupable des difficultés qu’elle peut rencontrer.

D’autre part, pour qu’une prise en charge spécifique et souvent efficace lui soit proposée. Le dépistage des troubles cognitifs repose sur des tests, sous forme d’exercices, que font passer le neurologue ou un neuropsychologue. Ces tests permettent de déterminer si des troubles existent et, si tel est le cas, quelle(s) fonction(s) ils touchent et avec quel degré.

Une prise en charge spécifique

Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement médicamenteux qui permet de remédier aux troubles cognitifs. Différents médicaments ont été testés, mais aucun n’a montré d’efficacité.

En revanche, ces dernières années, des approches dites de rééducation cognitive ont été développées. Réalisées souvent avec un orthophoniste, ces approches sont souvent proposées dans le cadre des réseaux de soins de la SEP.

La rééducation cognitive vise à stimuler le cerveau grâce à des séries d’exercices. Ceux-ci sont adaptés en fonction des troubles identifiés. Ils peuvent ainsi concerner la mémoire ; par exemple, il est demandé au patient de mémoriser une liste de mots, puis de les réciter dans l’ordre. Ils peuvent porter sur l’attention, le traitement de l’information, etc…

A travers ces exercices, l’objectif est de stimuler le cerveau. Ce cerveau est en effet très plastique et il s’adapte en permanence, par exemple en mettant en jeu des réseaux de neurones alternatifs.

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Le but est ainsi de faire en sorte que le cerveau utilise des « réseaux de compensation » pour pallier les zones qui fonctionnent moins bien du fait de la présence de lésions.
 

Il a été montré que la rééducation cognitive est efficace pour améliorer le fonctionnement cognitif, du moins à court et moyen terme, en particulier la mémoire.

Pour cela, une certaine intensité est toutefois nécessaire. En général, les programmes de remédiation prévoient plusieurs séances par semaine (2 à 3 le plus souvent) pendant plusieurs mois (4 à 5 habituellement).

C’est en effet la répétition fréquente des « entraînements » qui permet de mobiliser les réseaux de compensation. Une fois le programme terminé, des séances complémentaires, mais plus espacées, peuvent être proposées, en fonction des besoins. Le traitement de fond de la maladie est aussi essentiel pour maintenir les acquis.

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